Roch Hachanah 5786 par Armand ABÉCASSIS

Le douzième mois de l'année juive, Eloul, est consacré au repentir et prépare les fidèles à ces fêtes austères. Des textes de confession de fautes, de supplication, de demande de pardon, sont lus avant la prière quotidienne du matin.

Les Rabbins enseignent que le nom d'Eloul est formé en hébreu de quatre lettres, initiales de l'expression :

« Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi »,
que la bergère adresse à son berger dans le Cantique des Cantiques (6, 3).

Le fidèle se consacre précisément, en ce mois d'Eloul, à la prière, à l'étude et au repentir sincère. Il faut bien voir ce que signifie le repentir du point de vue moral, en constatant qu'il est précédé par l'aveu des fautes et par le remords.

Nous nous préparons spécialement, en ce dernier mois de l'année et à la veille de la nouvelle année, non pas à réveillonner, sacrifiant au plaisir et à la jouissance, mais à nous décider réellement à faire un retour sur nous-mêmes et à y découvrir l'appel, la voix qui nous intime l'ordre de donner sens à notre vie et de lui répondre par notre responsabilité et par le renouvellement de notre alliance avec elle.

Existe-t-il d'autre « retour » que le retour sur soi ?
Existe-t-il d'autre réponse que la réponse à ce que l'humain attend de nous ?

Faire réponse, c'est exactement, en français, ce qu'on appelle la responsabilité.

Regret, remords, repentir sont des retours sur le passé, marqués par le préfixe « re » qui est leur initiale commune.

  • Dans le regret, nous sommes placés devant un temps qui se déroule indépendamment de nous, où notre responsabilité n'est pas engagée. Nous regrettons qu'il pleuve, qu'il fasse froid ou chaud.

  • Au contraire, le remords est une souffrance, car nous y découvrons notre liberté et notre responsabilité. Notre faute a ajouté au mal dans le monde imparfait.

    • Au lieu de lutter contre le mal qui existe et que nous n’avons pas fait, nous y avons ajouté le nôtre.

    • Le remords nous révèle notre responsabilité et sa gravité, et nous souffrons parce que nous découvrons notre liberté dans le mal.

  • Le repentir et sa joie nous renforcent dans notre décision de l'employer pour le bien désormais.

Le repentir est aussi un retour à notre alliance et à notre complicité avec le Bien. Il traduit le terme hébreu « Téchouvah », qui signifie « retour » et « réponse » à la fois.

En son sens métaphysique, il dépasse l'ordre moral en nous faisant prendre conscience que la faute a été en réalité une fuite par rapport à l'appel au Bien, à l'exigence du sens qui sourd en nous et définit l'humain mieux que n'importe quelle fonction à travers laquelle il s'exprime.

C’est ainsi que nous nous préparons à nous recueillir tout au long des cinq prières de Kippour, à nous repentir pour obtenir le pardon divin.

Et à devenir les serviteurs de Dieu et Ses collaborateurs dans la lutte contre le mal dont nous ne sommes pas les auteurs et dont pourtant nous sommes responsables.

Armand Abécassis

 

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