Le linguiste Emile Benveniste, enfant de l’Alliance

La Bibliothèque nationale de France, détentrice des archives d’Emile Benveniste, a accueilli la présentation du livre Autour d’Emile Benveniste (Paris, Seuil, 2016), en présence des auteurs Irène Fenoglio, Jean-Claude Coquet, Julia Kristeva, Charles Malamoud et Pascal Quignard. Ce livre consacré au grand linguiste Emile Benveniste (1902-1976), aide à faire la lumière sur la jeunesse et la formation du savantBenveniste_Ezra.JPG, grâce aux archives de l’Alliance israélite universelle.  Il contient notamment un texte d'Irène Fenoglio expliquant le rôle de l'Alliance israélite universelle dans l'éducation du jeune Ezra Benveniste. Ses parents, Matatias Benveniste et Marie Malkerson ont tous deux été instituteurs de l'Alliance. Né à Alep (Syrie), leur fils Ezra sera lui-même scolarisé à l'école de l'AIU à Janina (Grèce). Trop jeune pour intégrer l'Ecole normale israélite orientale, il est,  grâce à l'aide de l'AIU et au soutien du grand orientaliste  Sylvain Levi et de Salomon Reinach, admis au petit séminaire de l'Ecole rabbinique à Paris, avant d'intégrer la Sorbonne. Au cours de ces années parisiennes, on notera le passage du prénom Ezra à celui d'Emile.

"Benveniste ne s'est ni "converti" en devenant Emile, ni ne renie son histoire personnelle ; il semble rester fidèle à l'ensemble de valeurs qui prévalaient à l'Alliance, et qui lui ont été transmises dès sa naissance et qu'un mot pourrait rassembler : apprendre dans l'altérité et de l'altérité. Il choisit l'Alliance plutôt que le Séminaire. Il quitte le communautaire pour l'universel de la pensée. Il semble que son choix se fasse très vite pour le laïque face au religieux. Il quitte le cercle fermé de préparation au rabbinat, il quitte la primauté de la religion pour s'évader vers l'avancée mouvante du savoir - jamais assuré, jamais acquis -, vers la recherche infinie - aux potentialités plus complexes -, vers la création libre et incertaine par l'écriture savante. "L'inconfort est la condition de la création", aurait-il dit." Ainsi se conclut le texte d'Irène Fenoglio.

 

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