L’Alliance au cœur des Balkans

A l’occasion du 10ème Salon du Livre des Balkans, tenu à l’INALCO les 11 et 12 février 2022, une table ronde sur les Juifs des Balkans, suivie par une centaine de personnes, a été animée par Jean-Claude Kuperminc, directeur de la bibliothèque de l’Alliance.

Le Salon du Livre des Balkans a été créé par Pascal Hamon, fonctionnaire du ministère de la culture qui avait été chargé d’une coopération culturelle avec l’Albanie, et s’est  passionné pour  la  vie  littéraire  et  culturelle  de  cette  région.  Pour la première fois, la présence juive dans les Baklkans était mise à l’honneur.
En introduction, le modérateur a présenté la présence juive dans cette région du monde. Les Juifs dans les Balkans sont importants dans la compréhension des sociologies locales, et ils sont de très bons exemples de l’attitude des pouvoirs politiques vis-à-vis des minorités.  

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Il est bon de rappeler l’origine ibérique de la majorité de ces populations, venus après l’expulsion des Juifs d’Espagne de 1492. Un espace judéo-balkanique peut être défini, les communautés juives y partageant une langue, le judéo-espagnol, une religion, une culture et une vision du monde. Que ce soit au sein de l’Empire ottoman ou dans les Etats-Nations créés après 1918,  ils ont tous été confrontés aux questions des
Pour la période du 19e et 20e s., l’autre point commun entre ces communautés, est l’entreprise gigantesque de modernisation et d’occidentalisation apportée par l’éducation européenne, portée par des grandes institutions internationales, au premier rang desquelles figure l’Alliance israélite universelle.

Le développement du réseau scolaire de l’Alliance touche les Balkans à partir de 1867 et se développera jusqu’à la première guerre mondiale, apportant une révolution dans la culture, la langue, les horizons mentaux et les opportunités économiques offerts à ces jeunes gens et jeunes filles.

Cela change les relations avec leur environnement multi culturel, et cela provoque, comme toute acculturation, un recul des savoirs traditionnels, notamment au niveau linguistique.22SLdB198press.jpg

François Azar, qui est le fondateur des éditions Lior, spécialisées dans l’édition de documents originaux et de reprises de livres pour les adultes et pour la jeunesse, autour de la langue et de la culture judéo-espagnoles. Il anime avec Jenny Laneurie l’association Aki Estamos et publie la revue Kaminando i Avlando

A travers la figure de Moïse Abinum, il évoque la vie juive dans une famille judéo-espagnole de Sarajevo, s’appuyant sur de nombreuses photographies de la famille.

Odette Varon-Vassard est une pionnière des études juives en Grèce depuis les années 1990. Elle aborde les problématiques historiques de la place des Juifs parmi les populations grecques, insistant notamment sur l’évolution de la mémoire de la Shoah en Grèce même.

Nadège Ragaru, est directrice de recherche à Sciences Po (CERI-CNRS) nous éclaire sur l’histoire et l’historiographie du sort des Juifs de Bulgarie pendant la Shoah. Elle nous aide à sortir de ce fameux paradoxe de la Shoah en Bulgarie. Aucun juif Bulgare n’a été déporté, pour autant, est-il possible d’exonérer la Bulgarie de toute responsabilité dans la Shoah ? Sa démonstration claire expose la responsabilité du régime bulgare, allié aux Nazis, dans la persécution et la déportation de milliers de Juifs de la région de la Grande Bulgarie dont elle a gagné le contrôle grâce à son alliance avec les Nazis.

Enfin, Gazmen Toska, homme d’affaires franco-albanais, nous présente Musée Salomon de Berat en Albanie. Cet espace est entièrement consacré à la mémoire du sauvetage des Juifs par les Albanais pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le public a fait preuve d’une grande attention devant ce sujet inédit pour beaucoup. Nul doute que les prochains Salons du Livre des Balkans offriront une place accrue à l’histoire des Juifs de la région.

 

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