Décès de Madame Sarita Harrus à Casablanca, retour sur sa contribution à l’Alliance

Sara Harrus (Tétouan, 12 décembre 1917 – Casablanca, 16 décembre 2022) était inséparable de son mari Elias Harrus (Beni-Mellal 1919 – Casblanca 2008), et tous deux sont indissociables de l’histoire de l’Alliance israélite universelle au Maroc.

La jeune Sarita était une bonne élève de l’école de Tétouan, choisie pour devenir institutrice de l’Alliance. Elle a intégré l’Ecole normale israélite orientale pour les jeunes filles à Versailles. Ce passage en France fût d’ailleurs déterminant à bien des égards : elle apprend son métier d’institutrice, elle s’acclimate à la langue et à la culture françaises, si éloignées de son judéo-espagnol familial, et elle fait la connaissance d’un autre élève instituteur, qui suit les cours à l’ENIO d’Auteuil : Elias Harrus, qui deviendra son mari et avec qui elle aura quatre enfants.

A la suite de cette formation, Sarita est affectée à Marrakech, et très vite Elias l’y retrouve. Leurs liens se renforcent autour des activités péri-scolaires, et leur mariage suit rapidement.Sarita%20Elias%20Harrus.jpg

Le couple fût affecté à Demnate, dans des conditions de logement bien moins favorables qu’à Marrakech puisque le couple vit avec ses enfants dans une salle de classe sans électricité, transformée en appartement. En 1945, quand Elias part se former aux métiers agricoles à Alger, Sarita doit assumer seule la responsabilité de l’école de Demnate. Au retour de son mari, le couple est affecté à l’école agricole de Marrakech qu’ils transforment en ferme-école. Malgré une activité débordante, Sarita et Elias veillent à l’éducation de leurs enfants dans ce cadre privilégié.

Si Elias prend souvent la route pour développer un formidable réseau d’écoles dans l’Atlas marocains, il peut toujours compter sur l’activité de Sarita dans la ferme-école et de son dévouement pour l’éducation de leurs enfants.

Quand Michel, leur fils aîné, fait sa bar-mitzvah en Israël, c’est l’occasion pour Sarita de découvrir ce pays et les réalisations de l’AIU à Mikveh Israël.

Nouvelle étape en 1960, après qu’Elias ait à nouveau suivi une formation pendant un an à Saint-Cloud, avec tous les effets que l’on imagine pour la jeune mère de famille. C’est Casablanca qui les accueille, la grande ville loin de l’environnement naturel de Marrakech. Elias est appelé par l’AIU à codiriger la délégation au Maroc, pour une institution qui s’adapte aux changements d’un Maroc indépendant et devient Ittihad-Maroc. Sarita prendra alors le titre de déléguée adjointe, et fera comme toujours sa part du travail éducatif et administratif.

L’heure de la retraite sonne en 1985. Tandis qu’Elias continue pendant quelques années à développer la mémoire de l’œuvre de l’AIU au Maroc, elle profite de ses enfants et petits-enfants. Tous deux partagent la mémoire de leur expérience dans un livre paru en 2003 aux éditions du Nadir : Témoins associés à l'œuvre de l'Alliance au Maroc, qu’il faut lire pour comprendre l’implication extraordinaire de Sarita Harrus pour cette institution et pour les générations d’élèves qu’elle a contribué à lancer dans la vie.

Quand en 1990, Sarita et Elias célèbrent leurs 50 ans de mariage, l’invitation porte bien haut le mot d’Alliance. Et Jules Braunschvig, président de l’Alliance, ami et soutien de toujours, dira mieux que personne le rôle de Sarita dans cette aventure commune. Laissons-le conclure : « Sarita est pour Elias une compagne modèle toute dévouée à l’activité de son mari. Et s’il a laissé une telle marque dans l’histoire de l’AIU au Maroc, c’est à elle aussi que nous le devons. »

Le président Marc Eisenberg, les membres du Bureau et du Haut Conseil de l’Alliance, la directrice générale Dvorah Serrao, et tous les personnels de l’Alliance et de Ittihad-Maroc présentent leurs plus sincères condoléances à toute la famille de Sarita Harrus.

Marc EISENBERG
Président de l’Alliance israélite universelle

 

Dvorah SERRAO
Directrice générale de l’Alliance israélite universelle

 

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