Pourim 2024

Le descendant d’Agag, Haman, est confronté à Mardochée, descendant de Saül, qui, fidèle à sa tribu, ne se prosterne pas devant Amalec . En effet son ancêtre Benjamin, fils de Jacob était le seul à ne pas se prosterner devant Ésaü.

C’est le premier appelé Ich Yéhoudi, ( juif ) dans la Torah . Son intransigeance est l’expression de sa fidélité au geste essentiel de la tribu  de Benjamin : ne point plier le genou devant Amalec (Hamas ), l’incarnation du mal et devant  l’idéologie totalitaire (l’Iran contemporain).

Haman apparaît au moment où les Juifs de Suze sont entrainés dans la crise universelle des idées au sixième siècle avant l’ère courante.Armand%20Abecassis%2022-11_0.png

 Le nom d’Esther indique qu’elle est cachée, voilée comme le Tétragramme qui ne se prononce pas comme il est écrit et qui n’apparaît jamais dans le  texte de la Méguilah.

Pour le peuple juif c’est aussi le temps de l’arrêt de la Prophétie remplacée par le rabbinisme  et par les interprétations infinies  de la Loi. Le déguisement est de mise  à Pourim. Il désigne d’une certaine façon la double identité du Juif en exil : le vêtement culturel de la Nation où il se trouve qui recouvre son identité juive profonde.

Les Hébreux ont donc laissé  la place aux Juifs, à ceux qui vont avoir une autre relation au divin, médiatisée par le texte écrit sur un parchemin  qu’on ne doit pas  lire dans un texte imprimé,à l’inverse des quatre autres Méguilot  (Le Cantique des Cantiques, Ruth, l’Ecclésiaste, les Lamentations).  On doit le lire  accompagné des bénédictions prononcées avant et après et il est chanté  comme la Parachah. Il est le seul à être élevé à la dignité du Sépher Torah.

À Suze, Mardochée était là qui veillait en ne laissant  pas Amalec « refroidir » l’espérance des Juifs. Il représente désormais la résistance permanente du peuple juif face à ses ennemis héréditaires. Il est  plus fragile parce que dans son exil forcé, il fut toujours   exposé à la violence des Nations incarnée par les Amalek-Aman de chaque génération. Mais depuis 1948  c’est l’État d’Israël en tant que tel  qui incarne Mardochée ainsi qu’Esther, et qui témoigne avec force de son unité contre la barbarie.

Cette année cette fête si prophétique aura un retentissement particulier car Israël est attaqué de toutes parts et sa situation est dramatique. Aujourd’hui la Perse-Iran l’a ciblé comme ennemi à abattre. Mais de toutes parts retentit l’appel à la solidarité des Juifs répartis dans le monde depuis des siècles !

Comme la population d’Israël en donne le témoignage par son dévouement et son temps sans  relâche  consacrés à l’aide  dans tous les domaines , les juifs de la  Diaspora ne doivent pas oublier d’honorer deux mitsvot importantes à Pourim : Matanot la Eviounim – Les dons à ceux qui sont dans le besoin  et  Michloah Manot – qui signifie le partage que nous devons en l’occurrence, à ceux qui se consacrent à la transmission de notre tradition et à la protection d’Israël. 

Haman Amalek Hamas ne peut vaincre la  force d’adhésion qui nous anime pour lutter contre une barbarie qui doit être anéantie par notre solidarité sans faille,  morale et matérielle .

Armand ABÉCASSIS
Professeur émérite de philosophie
Recteur des Études juives à l’AIU
Président de l’Institut Universitaire Rachi de Troyes

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