Notre histoire

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                LA SOURCE DE VIE                Au commencement était l'école

Parcourez à votre rythme l'histoire des 150 ans de l'Alliance

1840 : Affaire de Damas. A la suite de la disparition d’un moine franciscain à Damas, des Juifs de la ville, accusés de crime rituel, sont arrêtés et torturés ; certains meurent. Une délégation de Juifs européens, dont Adolphe Crémieux, obtient la libération des survivants

1858 : Affaire Mortara. Edgardo Mortara, né en 1851 dans une famille juive de Bologne, est enlevé par les autorités papales car il avait été baptisé à l’âge d’un an par la servante catholique de la famille. Il n’est jamais rendu à sa famille et devient même prêtre mais la mobilisation est internationale et cette nouvelle affaire antisémite jette les bases de la fondation de l’AIU, effective deux ans plus tard.

17 mai 1860 : réunion de 17 jeunes Français israélites. A l’issue de cette rencontre, 6 d’entre eux rédigent l’Appel de l’Alliance, texte fondateur de l’institution

1860 : création de la Bibliothèque

1862 : ouverture de la première école de l’AIU à Tétouan (Maroc)

1863 : Adolphe Crémieux devient président de l’AIU

1867 : création de l’école de formation de maîtres, l’Ecole normale israélite orientale (ENIO)

1870 : fondation de l’école agricole de Mikveh-Israël

1878 : ouverture d’une première école à Tunis

1882 : Eliezer Ben-Yehouda, père de la renaissance de l’hébreu comme langue moderne, enseigne à l’école primaire de Jérusalem

1898 : ouverture d’une école à Téhéran

1914 : 183 écoles dans 90 villes.

Après la Première Guerre mondiale, l’Alliance quitte progressivement la Turquie et les Balkans

1940-1944 : le siège de l’Alliance cesse d’exercer ; les écoles continuent à fonctionner tant bien que mal, les collections de la Bibliothèque sont spoliées par les Nazis. Seule une partie sera retrouvée après-guerre

1943 : le général De Gaulle attribue la présidence provisoire de l’AIU à René Cassin qui restera président jusqu’en 1976

1945 : Emmanuel Levinas devient directeur de l’ENIO et le restera pendant 35 ans

1950 : création de l’Ecole normale hébraïque à Casablanca

Fin des années 1940 et 50 : création au Maroc de dizaines d’écoles dans les villages éloignés dans la montagne et dans le désert du Maroc. En 1956, avec l’indépendance du Maroc, l’AIU prend le nom d’Ittihad et ferme petit à petit ses écoles. L’Alliance quitte la quasi-totalité des pays musulmans, nouvellement indépendant, sauf le Maroc.

1962 : création de la première école primaire et secondaire  aux Pavillons-sous-Bois

1965 : création de la revue Les Nouveaux cahiers, remplacée en 1998 par Les Cahiers du judaïsme

1976 : Jules Braunschvig prend la présidence de l’AIU

1980 : création de la Section normale d’études juives (SNEJ)

1985 : Ady Steg prend la présidence de l’AIU

1986 : création du Collège des études juives

1989 : ouverture de la nouvelle salle de lecture de la Bibliothèque

1997 : ouverture de l’école Georges Leven, qui remplace l’ENIO

1997 : ouverture d’un collège-lycée à Nice

2007 : ouverture sur le site de Mikve-Israël du Collège-Lycée franco-israélien Raymond Leven

2009 : ouverture d’une école primaire à Aix-en-Provence

2010 : Festivités du 150ème anniversaire de l’AIU

2011 : Marc Eisenberg prend la présidence de l’AIU

2011 : Inauguration du Centre Alliance Edmond J. Safra en présence de Lily Safra, en hommage à Edmond J. Safra, philanthrope de l'éducation

2011 : création de la Médiathèque Alliance Baron Edmond de Rothschild

2011 : l’école Gabriel intègre le réseau de l’Alliance et prend le nom d’école Alliance Gustave Leven

2012 : création de l’Institut Européen Emmanuel Levinas

2012 : création du projet Alliance Europe

2013 : création du Beth Hamidrach Alliance Jules Braunschvig

 

La fondation de l’AIU

Le 17 mai 1860, dix-sept jeunes juifs français se réunissent au domicile parisien de l'un d'entre eux. Parmi eux, des médecins, des enseignants, des journalistes, des juristes, des hommes d'affaires... : autant de représentants de la bourgeoisie juive libérale de la fin du XIXe siècle, héritière des Lumières et de l'Emancipation, profondément patriote sans renier pour autant ses origines. A l'issue de cette rencontre, six d'entre eux rédigent l'Appel de l'Alliance, texte fondateur de la nouvelle institution.

" Rassembler tous les cœurs généreux pour lutter contre la haine et les préjugés. Créer une société de jeunes israélites idéalistes et militants qui se sentiraient solidaires de tous ceux qui souffrent par leur condition de juifs ou tous ceux qui sont victimes de préjugés quelle que soit leur religion. Faire enfin que la culture supplante l'ignorance de quelques fanatiques, pour le bien de tous. [...] Si vous croyez que ce serait un honneur pour votre religion, une leçon pour les peuples, un progrès pour l'humanité, un triomphe pour la vérité et pour la raison universelle de voir se concentrer toutes les forces vives du judaïsme, petit par le nombre, grand par l'amour et la volonté du bien, venez à nous, nous fondons , nous fondons l'Alliance israélite universelle. "

Appel de l'Alliance

L'historien Michaël Graetz commente justement : les fondateurs préconisèrent dans leur manifeste de 1860 une synthèse des idées de 1789, d'égalité, de justice et des droits de l'homme, et des principes du judaïsme, de sa conception d'un Dieu unique et de sa foi en une rédemption universelle au temps du Messie. Il est bon de rappeler les noms de ces six principaux fondateurs, jeunes (la moyenne d'âge est de trente-trois ans) et enthousiastes :
- Charles Netter, fils d'une longue lignée de rabbins, lui-même homme d'affaires fortuné, depuis toujours attentif au sort des communautés d'Europe ;
- Narcisse Leven, avocat, collaborateur d'Adolphe Crémieux, déjà actif dans diverses œuvres de bienfaisance ;
- Isidore Cahen, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, professeur de philosophie, partisan affirmé de la liberté de l'enseignement et du principe de la séparation des Eglises et de l'Etat ;
- Eugène Manuel, lui aussi normalien, poète et homme de lettres ;
- Aristide Astruc, rabbin d'origine portugaise (sa famille s'est installée à Bayonne sous Louis XIII), adversaire déclaré des excès de l'assimilationnisme ;
- Jules Carvallo, enfin, le doyen, âgé de quarante-et-un ans, ingénieur des Ponts et Chaussées, pionnier des chemins de fer, président-fondateur d'un journal, L'Opinion Nationale, de tendance plutôt favorable à l'Empire.
Il y a, bien sûr, un grand absent : Adolphe Crémieux. Profondément déstabilisé par la récente conversion de ses enfants au catholicisme - à l'initiative de son épouse -, l'avocat nîmois, véritable instigateur de la fondation de l'AIU, n'a pas voulu apparaître au premier plan de ceux qui lançaient le projet. Mais trois ans plus tard, en 1863, il allait être porté à la présidence de l'institution.

 

La protection des minorités

Le combat pour l'égalité des droits - non seulement pour les juifs, mais pour toutes les minorités religieuses - figure parmi les priorités de l'Alliance.

Dès 1860, l'année même de sa fondation, elle intervient en faveur des chrétiens du Liban victimes d'émeutes populaires. En 1863, elle intercède auprès du ministre de la Justice espagnol pour des protestants emprisonnés auxquels on reproche leur propagande en faveur de leur religion. Dans la plupart des pays d'Europe, elle tente ainsi d'obtenir la grâce ou le sursis pour des malheureux condamnés injustement parce qu'ils n'étaient protégés par aucune juridiction, par aucune puissance.
A l'issue de la guerre russo-turque de 1877, une réunion des principales puissances est convoquée à Berlin, en juin 1878. Considérant que cette réunion internationale peut fournir l'occasion d'aborder en particulier la question des minorités juives dans toute la Turquie d'Europe, l'Alliance décide d'envoyer une délégation à Berlin. Ainsi la question juive est-elle introduite dans un ordre du jour qui n'en prévoyait pas le règlement. C'est une véritable "première" en matière de relations internationales. Le succès est inespéré : sur proposition de la délégation française, soutenue par l'Allemagne et l'Angleterre, les conclusions suivantes sont adoptées : "La distinction des croyances religieuses et des confessions ne pourra être opposée à personne comme un motif d'exclusion ou d'incapacité en ce qui concerne la jouissance des droits civils et politiques, l'admission aux emplois publics, fonctions et honneurs ou l'exercice des différentes professions et industries, dans quelque localité que ce soit. La liberté et la pratique extérieure de tous les cultes sont assurées à tous les ressortissants nationaux aussi bien qu'aux étrangers ; et aucune entrave ne pourra être apportée soit à l'organisation hiérarchique des différentes confessions, soit à leurs rapports avec leurs chefs spirituels."

 

Un réseau scolaire pour donner accès à la culture française et à la modernité

Aux yeux des dirigeants de l'Alliance, l'accès à la culture est aussi une condition sine qua non de l'émancipation et participe du processus de "régénération" - terme compris dans l'acception de l'époque - qui a pour but de faire des juifs des citoyens modernes et éclairés, partout à travers le monde. La création d'écoles s'impose donc d'emblée comme corollaire indispensable à l'action d'aide et de soutien aux juifs opprimés. Ce projet est déjà inscrit dans l'Appel de l'Alliance de 1860:

"Si vous croyez qu'un grand nombre de vos coreligionnaires, encore accablés par vingt siècles de misère, d'outrages et de proscriptions, peuvent retrouver leur dignité d'hommes, conquérir leur dignité de citoyens ; si vous croyez qu'il faut moraliser ceux qui sont corrompus, et non les condamner ; éclairer ceux qui sont aveuglés, et non les délaisser ; relever ceux qui sont abattus, et non se contenter de les plaindre ; défendre ceux qui sont calomniés, et non se taire [...], israélites du monde entier, venez, écoutez notre appel, accordez-nous votre adhésion, votre concours."

En octobre 1862, l'Alliance ouvre sa première école à Tétouan, au Maroc. La première pierre est posée de ce qui va peu à peu devenir un réseau scolaire intense et rayonnant qui offre à tous – garçons et filles – un enseignement moderne, en langue française, tout en ne négligeant pas les valeurs et la religion juives. De 1862 à 1885, des dizaines d’écoles ouvrent sur trois continents : Europe, Afrique, Asie, offrant des perspectives d’avenir à des milliers d’enfants qu’elle éduque, soigne, nourrit et habille, participant ainsi activement à l’amélioration de la situation socio-économique des communautés juives.

L’Alliance poursuit son expansion jusqu’à son apogée à la veille de la Première Guerre mondiale. Elle compte alors 183 écoles réparties dans 90 villes : en Afrique du Nord, dans l’Empire ottoman et les Balkans, au Moyen-Orient. L’Alliance ouvre à Paris une école de formation des maîtres, l’Ecole normale israélite orientale qui sera dirigée après 1945 par le célèbre philosophe Emmanuel Levinas.

Dès 1870, l’AIU s’implante en Palestine avec l’installation de la célèbre école d’agriculture de Mikveh Israël. Conçue, construite et dirigée par l’inlassable Charles Netter, celle-ci se proposait de préparer ses élèves au travail de la terre. Peu après, ouvrait une école à Jérusalem où Eliézer ben Yéhouda, en croisade pour la renaissance de l’hébreu, mettra en pratique ses méthodes d’enseignement. D’autres écoles, à Tibériade, Safed, Haïfa, Jaffa, réussiront à scolariser des enfants qui ne trouvaient pas toujours de cadres où s’insérer. Le rôle de l’Alliance israélite universelle dans la création du nouveau Yichouv, la propagation de l’hébreu et la préparation des esprits est de première importance.

Avec la dislocation de l’Empire ottoman, l’Alliance quitte progressivement la Turquie et les Balkans. Parallèlement, entre les deux guerres, elle renforce son réseau d’écoles au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. L’Algérie est un cas à part : les Juifs, Français depuis 1870, ont accès aux écoles publiques. L’Alliance n’y ouvre donc des écoles que pour l’enseignement religieux et l’apprentissage professionnel. En fonction des événements politiques, l’institution peut s’adapter, comme elle l’a fait en abandonnant le français en Turquie ou en Irak.

 

De 1939 à nos jours

Dans les années 1930, l’Alliance participe, avec d’autres institutions juives à la lutte contre l’antisémitisme et vient en aide aux réfugiés qui arrivent en France.

Durant l’Occupation, l’Alliance suit le gouvernement à Vichy et en reçoit des subsides pour son réseau scolaire. Elle sera expulsée en juin 1942. La Bibliothèque de l’AIU est spoliée par les Nazis et seule une partie des collections sera retrouvée après-guerre en Allemagne.

Pendant ce temps, les directeurs à travers le monde sont livrés à eux-mêmes et doivent faire face à d’importantes difficultés. En 1943, alors que les Alliés libèrent petit à petit les régions où sont implantées les écoles, Charles De Gaulle nomme René Cassin, depuis Londres, à la tête de l’Alliance. Premier civil à répondre à l’Appel du 18 juin 1940, René Cassin participe activement à la « France libre », en tant que conseiller juridique, commissaire à la Justice et à l’Instruction publique au sein du Comité national français… Lors d’une mission effectuée au Moyen-Orient pendant la guerre, il visite les écoles de l’Alliance et prend la mesure des actions de cette institution dont les valeurs rejoignent les siennes.

Après la guerre, ce nouveau président affirme les positions de l’institution face à la décolonisation et à la création de l’État d’Israël, lui donnant ainsi un nouveau souffle. L’AIU s’implique également dans la défense des droits de l’homme et dans la lutte pour permettre aux Juifs d’URSS d’émigrer.

L’Alliance quitte petit à petit les pays musulmans nouvellement indépendants à l’exception du Maroc où de nombreuses écoles avaient été créées dans les villages reculés avant que les Juifs ne quittent ces régions.  Elle développe largement ses activités en Israël mais également en France où elle ouvre pour la première fois des écoles primaires et secondaires et se consacre à la diffusion de la culture juive au plus large public à travers la publication de revue, le Collège des Etudes juives ou le développement de sa Bibliothèque.

 

Photos

 

878, Marrakech (Maroc), Œuvre de nourriture, 1928. À l’école, les élèves les plus démunis reçoivent tous les jours un déjeuner. © AIU

200 – Yezd (Iran), novembre 1930. Toutes les élèves de l’école de filles de l’Alliance. Seule leur institutrice est habillée à l’européenne. © AIU

4473 : 1960. Les élèves apprennent à sarcler, bêcher et piocher dans la ferme-école. © AIU

C7_3 Jérusalem, septembre 1974. René Cassin entouré des élèves du lycée qui porte son nom.  © AIU

1370 Téhéran, 1956. Les élèves de l’Alliance donnent un concert de musique iranienne avec des instruments traditionnels : saintour, zarb et ney. © AIU

796 – Sfax, une classe du cours supérieur. Le lien à la France se lit sur les murs. © AIU.

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Les Présidents

Adolphe Crémieux

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Adolphe Crémieux 

Né en 1796 à Nîmes, Adolphe Crémieux est un homme politique de premier plan et un brillant avocat. Il va employer son talent oratoire à défendre les libertés fondamentales et à lutter contre les injustices sociales jusqu’à être nommé ministre de la Justice en 1848.

À la fois franc-maçon et président du Consistoire central des Israélites de France de 1843 à 1847, Adolphe Crémieux cherche à concilier la tradition juive avec les principes de la Révolution française et les idéaux de 1848.

Il joue un rôle fondamental dans la création de l’Alliance. Mais il refuse d’apparaître parmi ses fondateurs en 1860, à la suite de la conversion au catholicisme de sa femme et de ses enfants. Trois ans plus tard, il finit par accepter de présider aux destinées de l’Alliance jusqu’en 1866, puis de 1868 à son décès en 1880. Durant ces années, tout en fréquentant le Tout-Paris, il s’investit avec constance, prenant la défense des Juifs persécutés et inspirant nombre de décisions du comité central.

Adolphe Crémieux est resté célèbre pour le décret – qui porte son nom – accordant en 1870 la nationalité française aux Juifs d’Algérie. En France, aucune plaque de rue ne porte son nom, sauf à Nîmes, sa ville natale. En revanche, en Israël, de nombreuses municipalités ont tenu à rendre hommage au « septième fondateur de l’Alliance israélite universelle ».

René Cassin

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René Cassin

Né à Bayonne en 1887, René Cassin a une formation de juriste. L’épreuve de la Première Guerre mondiale, pendant laquelle il est blessé, renforce ses convictions : la liberté et les droits de l’homme. Il milite jusqu’à siéger à la Société des Nations de 1924 à 1928. Même déçu par cette institution, il continuera de s’engager du côté des plus faibles, les victimes de guerre, pupilles de la nation, veuves…

Premier civil à répondre à l’Appel du 18 juin 1940, il participe activement à la « France libre », en tant que conseiller juridique, commissaire à la Justice et à l’Instruction publique au sein du Comité national français… Lors d’une mission effectuée au Moyen-Orient pendant la guerre, il visite les écoles de l’Alliance et prend la mesure des actions de cette institution dont les valeurs rejoignent les siennes.

En 1943, le général De Gaulle, souhaitant maintenir une présence française au Moyen-Orient, lui confie la présidence provisoire de cette institution, menacée de disparition : les subsides sont bloqués, le siège spolié, les donateurs disparus ou exilés, le personnel enseignant livré à lui même…

René Cassin accepte cette mission, sans mesurer la place que l’Alliance occupera dans sa vie.

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, René Cassin continue d’occuper des fonctions prestigieuses dans diverses institutions nationales et internationales. Aux Nations Unies, en 1948, il est le principal rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

En 1968, René Cassin se voit attribuer le prix Nobel de la paix pour l’ensemble de son action en faveur des droits de l’homme. Il consacre l’essentiel des fonds du prix à la création de l’Institut international des droits de l’homme, sans oublier d’en verser une partie à l’Alliance.

Jusqu’à son décès, en 1976, René Cassin demeure président de l’Alliance israélite universelle, contribuant largement  au rayonnement et au prestige de l’institution.

Les grandes figures

André Chouraqui

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André Chouraqui

Né en Algérie en 1917, André Chouraqui suit un double cursus de droit et, à l’école rabbinique de Paris, d’hébreu et d’araméen. Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, il entre à l’Alliance en 1947 en tant que secrétaire général adjoint, avant d’en devenir délégué permanent de 1953 à 1982. Il se noue d’amitié avec René Cassin.

Ses fonctions lui permettent de multiplier les voyages d’inspection à travers le monde et de représenter l’institution en Israël. En 1958, il s’y installe.

Parallèlement à son rôle à l’Alliance, en 1959, André Chouraqui devient le conseiller de David Ben Gourion, alors président du Conseil, pour les problèmes d’intégration des juifs originaires des pays musulmans et pour les relations intercommunautaires. Il le reste pendant quatre ans. En 1965, il est l’adjoint de Teddy Kollek à la mairie de Jérusalem, pour des fonctions similaires.

Très engagé dans les amitiés judéo-chrétiennes, son parcours est celui d’un humaniste érudit. Il a traduit la Bible et le Coran.

Il meurt en 2007 à Jérusalem.

Elias Harrus

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Elias Harrus

Né en 1919 au Maroc, Elias Harrus entre dans une école de l’Alliance, à Casablanca, au niveau complémentaire. Il se rend à Paris en 1935 où il est admis à l’École normale israélite orientale (ENIO). À l’issue de quatre ans de formation, il est nommé à Bagdad (Irak).

Mais cette année-là, en 1939, la guerre éclate. Elias Harrus est alors en vacances dans son pays natal et ne peut rejoindre son poste. Il est donc nommé à Marrakech où il épouse une institutrice de l’Alliance, Sarita Israël.

En 1945, il est envoyé pendant un an en formation à l’Institut agricole d’Alger. Il en revient pour diriger l’école professionnelle agricole de Marrakech. Parallèlement, il donne l’impulsion à l’ouverture d’établissements scolaires dans des villages du Sahara marocain. Il restera au service de l’Alliance jusqu’à en devenir le délégué pour le Maroc dans les années 1960 et 1970. En plus de ses fonctions, il se consacre à l’étude des populations juives vivant dans les endroits les plus reculés et prend plus de 23 000 clichés photographiques.

À la retraite, il consacre son temps à réunir archives et photographies pour préserver la mémoire de l’action de l’Alliance au Maroc. Celles-ci constituent une part importante du patrimoine des archives de l’institution.

Elias Harrus meurt en 2008

Eugène Manuel

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Eugène Manuel (1823-1901)

Eugène Manuel est le rédacteur de l’Appel aux Israélites du monde entier de 1860, texte fondateur de l’Alliance.
Né en 1823 à Paris, il entre à l’École normale supérieure la même année que Louis Pasteur. Il commence par enseigner en province avant de poursuivre à Paris. Il est nommé, en 1870, chef de cabinet du ministre de l’Instruction publique, Jules Simon, et finit sa carrière comme inspecteur général.
S’inspirant de l’enseignement en France, pour l’Alliance, Eugène Manuel développe des écoles modernes fidèles à la fois aux idéaux des Lumières et à la tradition juive.
Cultivé, proche de la pensée de Voltaire, de Rousseau et des Encyclopédistes, il est également un grand poète. Il meurt en 1901.

 

Famille Leven, philanthropes de père en fils

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Famille Leven, philanthropes de père en fils

Pour poursuivre l’œuvre de Narcisse Leven, le « père fondateur » venu d’Allemagne, ses descendants, banquiers et agents de change, vont s’engager durablement en faveur de l’Alliance, la finançant et la dirigeant.À la deuxième génération, Georges Leven, puis son demi-frère Maurice, font partie des principaux dirigeants de l’institution jusqu’à leur mort, respectivement en 1941 et 1951.
À la troisième génération, Raymond marche sur les traces de ses aînés.
Son frère Gustave, lui, n’accepte jamais d’y occuper de fonction officielle tout en étant l’un de ses principaux mécènes. Il est plus connu du grand public pour avoir développé les sources Perrier, achetées en 1947, et en avoir fait une entreprise florissante. En 1984, il crée la fondation Sacta-Rashi qui finance des projets sociaux et éducatifs en Israël et en France.
À la quatrième génération, Hubert Leven poursuit l’œuvre entreprise par son aïeul. Il est actuellement vice-président de l’Alliance israélite universelle. Et il préside la fondation Sacta-Rashi. Son fils François est membre du Haut-Conseil de l’AIU.

Narcisse Leven

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Narcisse Leven

Narcisse Leven, le plus jeune des fondateurs de l’Alliance, naît le 15 octobre 1833 à Ürdingen en Allemagne, sur les bords du Rhin. Il est issu d’une famille qui lui enseigne les valeurs humanistes de la Révolution française.
Venu à Paris, à quinze ans, il est élève du lycée Corneille qui deviendra le lycée Henri IV. Ayant obtenu son diplôme d’avocat, il entre au cabinet d’Adolphe Crémieux et devient son  principal assistant.

Parallèlement, avec Eugène Manuel, autre fondateur de l’Alliance, il donne des cours à la Société des jeunes gens israélites. Cette institution parisienne permet aux plus démunis de s’élever dans l’échelle sociale.
Quand, en 1870, Adolphe Crémieux est à nouveau nommé ministre de la Justice, Narcisse Leven devient son directeur de cabinet. Il tente une carrière politique, élu au Conseil municipal de Paris (de 1879 à 1887), puis au Conseil général de la Seine (de 1885 à 1887). Mais c’est dans les institutions philanthropiques qu’il donne toute sa mesure.
Dès 1863, il a alors trente ans, Narcisse Leven est le premier secrétaire de l’Alliance israélite universelle. Il le reste pendant vingt ans, avant de devenir vice-président jusqu’en 1898, puis président jusqu’à sa mort, en 1915.
Durant 52 ans, grand organisateur administratif de l’institution, Narcisse Leven va poser les jalons de tout le réseau scolaire de l’Alliance.

Emmanuel Levinas

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Emmanuel Levinas

Emmanuel Levinas est né à Kaunas (Kovno, en russe) en Lituanie, en 1906. Dès 1923, il vient étudier la philosophie à Strasbourg, puis à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne) où il est l’élève de Husserl et de Heidegger. En 1930, il s’établit à Paris et obtient la nationalité française l’année suivante. Très vite, il commence à travailler à l’Alliance en tant que répétiteur. Il ne quittera plus l’institution.
Mobilisé en 1939, puis fait prisonnier par les Allemands, Emmanuel Levinas passe la guerre en captivité. Dès 1945, René Cassin le choisit pour prendre la direction de l’École normale israélite orientale (ENIO) qui forme les enseignants de l’Alliance. Il occupera cette fonction pendant 34 ans, tout en poursuivant sa réflexion philosophique et en professant à l’université.
Au-delà des instituteurs de l’Alliance, il forme aussi une élite intellectuelle à travers l’enseignement de l’hébreu et des études juives. Ses séminaires d’exégèse biblique – qu’il poursuivra toute sa vie –, dispensés le samedi matin dans les locaux de l’ENIO, sont restés célèbres.
Il meurt à Paris en 1995, sa pensée tardivement reconnue.

Oro et Yom Tob David Sémach

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Oro et Yom Tob David Sémach

Yom Tob David Sémach et Oro Guéron sont nés en Bulgarie respectivement en 1869 et 1874. Ils ont été formés dans les écoles de l’Alliance, puis à Paris pour devenir enseignants.
Ils vont se rencontrer en 1894 à Tatar-Bazardjik, en Bulgarie. Il a 25 ans et elle à peine 20 ans. Il dirige alors l’école de garçons et elle, l’école de filles. Ils se marient l’année suivante.

Successivement nommés à Damas, Bagdad, Beyrouth…, ils vont changer cinq fois de pays en 18 ans. En 1912, ils se retrouvent à Tanger et restent au Maroc, dans d’autres écoles du pays, jusqu’à la fin de leur vie.

En 1924, Yom Tob David est nommé inspecteur des écoles de l’Alliance au Maroc. Il accomplira par la suite quelques missions en Perse, en Irak, en Syrie, en Palestine.

Yom Tob David et Oro Sémach ont eu quatre enfants. Elle meurt en 1933, il décède un an plus tard.

L’école primaire de l’Alliance à Casablanca porte toujours le nom de Yom Tob David Sémach. 

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